Bujutsu ou Budo?

Publié le par takeda-budo-france.over-blog.com

Cette question semble avoir un intérêt particulier pour de nombreux Budokas, sans tenir compte, des différentes organisations de Budo auxquelles ils appartiennent et/ou de la discipline qu’ils pratiquent. La discussion sur ce sujet prend parfois même l’aspect d'une  « controverse idéologique ». Il est intéressant de constater que cette discussion n’existe quasi exclusivement que dans les  pays extérieurs au Japon, et en aucune manière  au Japon

Je souhaite apporter ma contribution à cette question. Et voudrais ajouter quelques faits et pensées à cette discussion qui peut-être permettra au lecteur de trouver sa propre réponse en la matière.

 

Voici ce que vous pouvez trouver dans le dictionnaire au sujet du  terme « jutsu» :

(japonais) = art, moyens, manière, possibilité, solution ; technique .

(chinois) = art, compétence, la connaissance spécialisée, capacité ; méthode, la tactique (système pour atteindre un but) ; la tactique (conduite d’une armée).

 

Au sujet de « Do » vous pouvez apprendre ce qui suit :

(japonais) = manière, possibilité, solution ; méthode ;

(chinois « tao ») = manière, chemin, possibilité, solution ; méthode ; doctrine, enseignements ; principe.

 

A première vue Il semble, que le sens de ces kanji était commun, pourtant il  existe différentes interprétations, basées sur le développement historique du Japon, qui naturellement a toujours influencé la pratique des arts martiaux. Je me réfère ici au déclin progressif de la classe des guerriers à la fin du Sengoku Jidaï « ère des provinces combattantes », et/ou avec le commencement de la période d'Edo (1603) où les « beaux-arts » comme la peinture, la musique et la littérature fleurissaient. Le déclin de la classe des guerriers a causé la diminution du nombre des samouraïs bien entraînés d'une part. De l’autre, la pratique des arts martiaux a lentement évolué d’une formation martiale en un entraînement dont le but particulier est devenu l’éducation du corps et l'esprit autant que celui de la personne.

 

Ce développement commencé il y a presque trois siècles, atteint son apogée avec la fondation du Kodokan par Kano Jigoro (1882). Il met en avant consciencieusement les aspects éducatifs du « nouveau » judo. Il  remplace le  terme « jutsu » dans la désignation de l'art pratiqué à l'origine : le « Jujutsu », par « Do», qui est  issue du Taoïsme  signifiant le « chemin » (Do) comme principe philosophique : chemin de vie. Ainsi un tournant important dans les entraînements d’origine purement martiale  (bujutsu), alors  discrédité au Japon, est effectué avec l’évolution de l’entrainement de combat dont le but devient son propre développement physique et mental.

 

Dans  les périodes anciennes, lorsque les arts de combat  étaient encore développés et enseigné en tant que véritables arts martiaux, les différentes disciplines étaient appelées - jutsu » (par exemple kenjutsu, naginatajutsu, jojutsu, aikijutsu etc.). Après Kano, les noms de ces discipline ont de plus en plus été désigné en employant  « - Do » à la place de « - jutsu » (comme kendo, naginatado, Jodo, aïkido etc.) dans l’objectif  de démontrer le lien entre la spiritualité et la pratique du Budo qui était en accord avec idées éducatives de Kano.

Les organisations de Budo actuelles  ne sont naturellement plus des établissements d’entraînement militaires ou paramilitaires. Elles partagent  pour la plupart des  objectifs plus ou moins identiques, parmi lesquels le développement mental positif et physique de leur pratiquant  doit être  le principal. Aussi loin qu’elles  trouvent leurs origines dans  la tradition japonaise, elles représentent certainement la forme « do » - des arts martiaux, peu importe la façon dont elles désignent actuellement leurs disciplines. Car, à la différence du Japon antique, l'objectif n'est pas d'instruire des guerriers bien entraînés mais de promouvoir le développement personnel de ses  membres.

Cet ajustement comme résultat du développement historique au Japon d'une part et du développement global des sociétés du monde occidental où les arts martiaux japonais bénéficient actuellement d’une grande popularité d'autre part, a mené naturellement vers une évolution des contenus techniques des divers ryu (écoles) de bujutsu et/ou de Budo. Il en est de même pour la formation pratique qui a été adaptée à l’évolution des objectifs. Mais c’est un  débat, que je ne voudrais souhaite pas approfondir maintenant.

 

Dans l'ISTB, les désignations « -do » (aïkido, Iaido, Jodo) sont de préférence utilisée car nous pratiquons aussi le Budo comme un entraînement physique et mentale tout autant que pour le développement notre personnalité. Et surtout, nous nous sommes développés à partir d'une tradition où ces désignations étaient déjà usitées. Parfois cependant, certaines de nos branches emploient également des désignations comme l'aikijutsu, l'iaijutsu ou le jojutsu afin d'éviter de certains conflits ou certaines  confusions avec d'autres organismes et leurs disciplines de Budo, bien qu'il n’existe aucun droit exclusif pour certaines désignations.

En tant qu’organisation d'aïkido, nous nous trouvons souvent confrontés à cette erreur répandue, que beaucoup dans le monde de Budo croient. L’aïkido aurait été  créé par Ueshiba Morihei. Ceci est probablement lié à la propagation et au développement important de l'Aïkido de Ueshiba Morihei dans le monde. Par conséquent, il est automatiquement présumé, que tous les  Aïkido portant cette désignation représentent l'Aïkido de l’école (ryu) d’Ueshiba. Ce n’est pas  la réalité, Ueshiba a seulement créé un des styles existant d’aïkido. Nous devons toutefois faire part d’une certaine compréhension concernant cette erreur et la considérer avec  tolérance. Il reste toutefois important que cet élément exige simplement un peu plus d'information à l'avenir.

 

S.Kobilza

(traduit de l'anglais par Ph.Boutelet)

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